Les risques du tabac dans la chirurgie orthopédique

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Dans le domaine de la chirurgie orthopédique, le tabagisme représente un facteur de risque significatif associé à une multitude de complications postopératoires. Au-delà des effets bien connus sur la santé pulmonaire, le tabac exerce également un impact néfaste sur la cicatrisation des tissus, la santé vasculaire, et même la fonction nerveuse. Comprendre les risques spécifiques du tabagisme dans le contexte de la chirurgie orthopédique est essentiel pour les patients et les professionnels de santé, afin de prendre des mesures préventives efficaces et d'optimiser les résultats chirurgicaux.

Les risques du tabac dans la chirurgie orthopédique


Risque sur les nerfs

Le tabagisme présente un risque notable pour les nerfs dans le contexte de la chirurgie orthopédique. Les effets nocifs du tabac sur le système nerveux peuvent compromettre la fonctionnalité des nerfs périphériques, augmentant ainsi le risque de complications neurologiques postopératoires. La vasoconstriction induite par la nicotine peut entraîner une diminution de l'apport sanguin aux nerfs. De plus, les patients fumeurs peuvent présenter une sensibilité accrue à la douleur postopératoire en raison des effets du tabac sur la transmission des signaux nociceptifs dans le système nerveux.

Problèmes de cicatrisation

Le tabagisme est associé à un risque accru de complications chirurgicales, notamment des problèmes de cicatrisation comme le lâchage des sutures. Dans le domaine de la chirurgie orthopédique, le risque de complications de cicatrisation est significativement plus élevé chez les fumeurs.

Risque d’infection

Le tabagisme accroît le risque de complications infectieuses en perturbant le processus de cicatrisation des tissus et des plaies chirurgicales. Ces effets sont largement attribuables à la nicotine et au monoxyde de carbone présents dans la fumée de tabac. La nicotine provoque une constriction des vaisseaux sanguins, réduisant ainsi l'apport en oxygène aux tissus et altérant la qualité de la cicatrisation en diminuant la production de collagène. D'autre part, le monoxyde de carbone réduit l'oxygénation des tissus et perturbe la microcirculation sanguine.

Risques respiratoires

Le tabagisme accroît le risque de complications respiratoires lors d'interventions sous anesthésie générale en raison de ses effets néfastes sur la mécanique pulmonaire, les échanges gazeux et les défenses immunitaires. Les complications pulmonaires postopératoires peuvent être de nature mineure, comme l'encombrement bronchique ou les infections des voies respiratoires, mais aussi plus graves, comme les pneumopathies, la détresse respiratoire aiguë et même le décès.

Retard de consolidation osseuse

Le tabagisme peut également avoir un impact négatif sur la consolidation osseuse, augmentant ainsi le risque de complications chirurgicales. Les mécanismes sous-jacents à ce risque sont similaires à ceux observés pour les complications infectieuses. En effet, la réduction de la microcirculation cutanée et l'hypoxie induites par le tabagisme sont les principaux facteurs contribuant à l'altération de la cicatrisation cutanée ainsi que de celle des tissus profonds tels que l'os.

Risque cardiovasculaire

Fumer expose également à un risque accru de complications cardiovasculaires comme les infarctus, les AVC et l'ischémie des membres inférieurs. Lors de la consommation aiguë de tabac, la fraction de monoxyde de carbone dans le sang augmente, ce qui entrave le transport d'oxygène vers les divers tissus, y compris le cœur. Chez les individus présentant une pathologie coronarienne, le tabagisme accroît le risque d'ischémie myocardique, avec des épisodes d'ischémie péri-opératoire survenant dans 40 à 50 % des cas, selon le type de chirurgie.

L’importance du sevrage tabagique avant une chirurgie orthopédique

Le sevrage tabagique avant une intervention chirurgicale peut considérablement réduire les risques de complications associées à la chirurgie. Il est recommandé d’arrêter de fumer 6 à 8 semaines avant l'intervention et maintenir l'abstinence tout au long de la période de cicatrisation.

Bien que les premiers jours après l'arrêt puissent entraîner une augmentation temporaire de la toux et de l'encombrement bronchique, un arrêt plus tardif peut tout de même améliorer l'oxygénation tissulaire en diminuant les taux de monoxyde de carbone circulant.

En ce qui concerne les complications chirurgicales, un sevrage tabagique précoce avant l'intervention est essentiel pour réduire significativement le risque de complications au site opératoire. En général, un sevrage tabagique 6 à 8 semaines avant une intervention peut également réduire la durée moyenne de l'hospitalisation postopératoire et le risque de transfert en unité de réanimation. De plus, il a été observé qu'un sevrage tabagique précoce permettait de réduire les besoins en analgésiques lors de l'anesthésie, ce qui peut contribuer à une récupération postopératoire plus rapide.

Les professionnels de santé sont donc encouragés à discuter du sevrage tabagique avec les patients avant une intervention chirurgicale, car même de courtes conversations peuvent augmenter les taux d'abstinence. Des programmes d'aide au sevrage intensifs (comprenant des conseils individuels et l'utilisation de thérapies de remplacement nicotinique) peuvent être particulièrement efficaces pour encourager les patients à arrêter de fumer avant et après l'intervention.

Rédigé en collaboration avec le Docteur Eric ABEHSERA Chirurgien orthopédiste au centre SOS Main Paris Floréal et à la Clinique de la Main Landy