Le tabagisme est un problème de santé publique qui demeure préoccupant, partout dans le monde. Il touche toutes les tranches d’âge. Toutefois, ses effets sont particulièrement dévastateurs chez les personnes âgées ! En effet, à mesure que nous vieillissons, notre corps devient plus vulnérable aux différentes agressions, et le tabac majore de manière significative cette fragilité.
En France, entre 10% et 15 % des personnes âgées de 65 ans et plus continuent de fumer, ce qui accroît leur susceptibilité à diverses maladies chroniques et réduit leur qualité de vie ainsi que leur espérance de vie.
Les effets néfastes du tabac sur la santé des seniors vont bien au-delà des problèmes respiratoires, ils impactent aussi la santé cardiovasculaire, augmentent le risque de certains cancers. Et concernent aussi la santé ostéoarticulaire.
Tabac et santé respiratoire des personnes âgées
On le sait, le tabagisme peut avoir des conséquences graves sur la santé respiratoire, a fortiori chez des personnes âgées.
Parmi les maladies pulmonaires chroniques les plus fréquemment observées chez les personnes âgées fumeuses :
- La broncho-pneumopathie chronique obstructive, qu’on désigne généralement par son acronyme « BPCO ».
- L’emphysème pulmonaire.
La BPCO, une maladie progressive qui rend la respiration difficile, se manifeste par une toux chronique, une production excessive de mucus (crachats en grande quantité) et un essoufflement.
Pour les seniors, la BPCO réduit considérablement la capacité à mener une vie active et augmente d’avantage la dépendance à des tiers (perte d’autonomie).
D’un autre côté, l’emphysème, une affection caractérisée par des dommages aux alvéoles pulmonaires (les petites chambres où s’opèrent les échanges gazeux vitaux lors de la respiration), va réduire également la fonction respiratoire chez les personnes âgées tabagiques.
Les personnes âgées atteintes d’emphysème éprouvent une difficulté croissante à respirer et souffrent souvent de perte de poids et de faiblesse musculaire. D’ailleurs BPCO et emphysème sont souvent associés.
Le tabac est le principal facteur de risque pour développer ces deux maladies respiratoires (BPCO et emphysème), et leurs répercussions sont infiniment plus graves chez les seniors qui continuent de fumer.
En outre, le tabagisme affaiblit le système immunitaire, augmentant le risque d’infections respiratoires telles que la pneumonie. En effet, certains composants de la fumée de tabac endommage les cellules de défense du système respiratoire, réduisant la capacité des poumons à éliminer les particules nocives et les agents pathogènes.
Tabac et santé cardiovasculaire des personnes âgées
Le tabagisme et la pression sanguine élevée (hypertension artérielle) sont deux facteurs de risque majeurs de maladies cardiovasculaires dits « modifiables » (on peut supprimer ces facteurs en arrêtant de fumer et en suivant correctement un traitement anti hypertenseur). On entend par maladies cardiovasculaires toutes les pathologies qui touchent le cœur et les vaisseaux.
Ces deux facteurs de risque sont étroitement liés, liés au mode de vie et au modalités alimentaires.
Le tabac endommage également les parois des artères, ce qui favorise l’accumulation de plaques d’athérome (dépôts graisseux) qui rétrécissent et durcissent les artères (athérosclérose). Ce processus réduit le flux sanguin vers le cœur et le cerveau, augmentant le risque d’infarctus et d’AVC.
De plus, les produits chimiques présents dans la fumée de tabac réduisent la fluidité du sang ce qui peut contribuer former des caillots, obstruant les artères et aggravant le risque d’événements cardiovasculaires.
L'hypertension artérielle non contrôlée, associé aux dommages des parois des artères et à l’hyperviscosité sanguines provoqués par le tabac, surtout chez les sujet âgés et fumeurs, fournit un terrain extrêmement propice à des complications graves telles que les maladies cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux (AVC) et l'insuffisance rénale elle, conséquence de l’HTA.
Les maladies cardiovasculaires, y compris les crises cardiaques et les AVC, sont parmi les principales causes de décès chez les personnes âgées, et le tabagisme en augmente significativement les risques !
On récapitule les « ingrédients » des maladies cardiovasculaires chez une personne âgée qui fume :
- Les substances chimiques du tabac endommagent les parois des artères, en y facilitant l'accumulation de plaques de graisse (artères bouchées : athérosclérose).
- L'athérosclérose rétrécit les artères, réduisant le flux sanguin vers le cœur et le cerveau, augmentant le risque de crises cardiaques et d'AVC.
- La fumée de tabac réduit la fluidité du sang favorisant la formation de caillots qui peuvent obstruer les artères et provoquer des crises cardiaques et/ou des AVC.
Bref, le tabac aggrave l'hypertension, endommage les artères et favorise la formation de caillots, augmentant ainsi considérablement les risques de maladies cardiovasculaires chez les seniors.
Tabac et santé ostéoarticulaire des personnes âgées
Le tabac est connu pour contribuer à la diminution de la densité de masse osseuse (DMO), augmentant le risque d'ostéoporose. Il interfère, par l’intermédiaire de la nicotine, avec l'absorption du calcium, un minéral indispensable pour des os solides.
Chez les seniors, dont les os sont déjà fragilisés par l'âge, cette réduction de densité osseuse accroît considérablement le risque de fractures, même en cas de chutes mineures.
La consommation de cigarettes est bien établie comme un facteur de risque important de diminution de la densité de masse osseuse, ce qui augmente également le risque de fractures. Les fumeurs actifs, ainsi que les personnes exposées à la fumée passive, subissent des effets néfastes similaires sur leur DMO. Les recherches scientifiques ont identifié plusieurs mécanismes physiopathologiques qui contribuent à cette perte osseuse chez les fumeurs. Parmi ces mécanismes, on note des perturbations dans le métabolisme des hormones calciotropes, essentielles à la régulation du calcium dans l'organisme.
L'absorption intestinale du calcium est également compromise, ce qui aggrave la situation. De plus, la production et le métabolisme des hormones sexuelles, qui jouent un rôle crucial dans le maintien de la santé osseuse, sont déréglés. Le métabolisme de l'hormone corticosurrénalienne, impliquée dans la réponse au stress, est également altéré, ce qui peut avoir des répercussions indirectes sur la santé osseuse. En outre, des altérations directes de l'ostéogenèse sont observées, notamment par l'interférence avec le système RANK-RANKL-OPG, essentiel à la régulation du remodelage osseux, ainsi qu'avec le métabolisme du collagène et l'angiogenèse osseuse. Enfin, la cigarette a un effet direct délétère sur les cellules osseuses elles-mêmes, contribuant ainsi à la fragilisation des os.
Les fumeurs âgés souffrent d’ailleurs beaucoup plus fréquemment de douleurs articulaires chroniques que les non-fumeurs, limitant leur mobilité et leur autonomie.
L’arrêt du tabac permet de préserver la santé ostéoarticulaire des personnes âgées.
Article rédigé par l’équipe médicale de l’adiam, association d’aide et de soins à domicile à Paris.