Sur fond de covid et de campagnes de lutte contre le tabagisme de ces 30 dernières années, les chiffres clés sur le tabac en France, pour 2022, sont assez parlants. Les statistiques font ressortir des données qui permettent de mesurer un certain nombre de phénomènes de société. Les résultats des actions et des comportements sur le long terme sont mis en avant. Pour les consommateurs, l'usage du tabac a surtout des répercussions sur leurs finances et leur santé. De son côté, l’État doit contrebalancer les frais et les taxes que le marché et les diverses campagnes de lutte contre le tabagisme lui rapportent.
Autour de la vente et de la production de tabac en France
La France produit du tabac, même si le secteur est en fort déclin ces dernières années. Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale jusqu’à aujourd’hui, la surface cultivée est passée de 30 000 ha à 1 400 ha. Au niveau de l'Europe, le pays se positionne à la cinquième place, avec un peu moins de 8 000 tonnes de récolte par an.
Toute cette quantité est destinée à l'exportation et à d’autres secteurs puisque la France ne possède plus d'usines de transformation depuis 2019. Les dernières percées médicales réalisées sur le tabac, entre autres les vaccins et l’Alzheimer, la situation peut changer. Une remontée de cette filière de culture de tabac est possible dans les années à venir.
Le nombre des buralistes est aussi en baisse, surtout à cause de la forte concurrence des ventes en ligne et des contrefaçons. Il ne reste plus qu'un peu plus de 20 000 bureaux de tabac en France. Actuellement, le marché est dominé à 80 % par des marques produites à l'étranger, notamment aux États-Unis, en Angleterre et au Japon. Le tabac chinois n'est pas très présent en France bien qu'il soit le premier producteur mondial. Un système de hausse progressive des prix de la cigarette et du coût du tabac à rouler a été instauré dans le cadre de la politique de lutte de l'État français contre le tabagisme. Le paquet est actuellement à plus de 10 € si auparavant, en 2014, le tarif était à 7 €. Au début de 2021, 43.6 % des Français estimaient que cette hausse des prix est suffisamment motivante pour entamer un sevrage.
Les dangers du tabac
Avant d'aller plus loin dans les autres statistiques, quelque chiffre pertinent démontre le lien entre tabac et santé. À la question « pourquoi les gens aiment-ils autant fumer ? » La plupart des réponses soutiennent le bien-être qu’il apporte. Le consommateur se sent apaisé et, par la suite, a l'impression d'être plus énergique. Grâce aux effets psychotoniques du tabac, une forme de dépendance s'installe rapidement chez les personnes en situation de précarité. Cette addiction n'est pas sans conséquence, autant sur la santé mentale que psychologique.
Sur la santé
Les maladies liées au tabac sont nombreuses. Une bouffée de cigarette contient entre 5 000 et 7 000 substances chimiques (article sur la composition d'une cigarette) qui forment un subtil mélange de principe actif, d'acroléine et d'additifs. Ces particules ont des conséquences graves sur la santé, autant chez les fumeurs (tabagisme actif) que chez les personnes autour d’eux (tabagisme passif).
Les maladies pulmonaires, comme les difficultés respiratoires et le cancer du poumon, sont les dangers les plus connus. 80 % des personnes décédées de ce type de tumeur maligne sont des fumeurs. Le tabac est responsable de la moitié des cancers de la vessie, de 70 % des cancers voies aérodigestives supérieures (bouche, larynx et autres) et de bien d'autres, mais moins significatifs.
85 % des personnes ayant des problèmes au niveau des poumons, autres que le cancer, sont des fumeurs ou des sujets au tabagisme passif.
Le tabac affecte le cœur et fragilise les vaisseaux sanguins et le système immunitaire, favorisant ainsi l'apparition de nombreuses autres maladies. Une forte corrélation entre le tabagisme et l'infertilité est aussi constatée.
La crise sanitaire du covid a eu des conséquences significatives auprès des fumeurs. Les derniers chiffres en date témoignent d'une hausse dans la consommation, allant de 30 % à 33 %, surtout chez les personnes en situation de précarité. Les tentatives de sevrage suivent cette tendance, avec 33 % contre 29,9 % en 2020.
Sur l'espérance de vie
En 2019, Statista Research Department a sorti les résultats de son enquête concernant le nombre de décès liés au tabac pour une consommation moyenne des fumeurs. Kiribati, Îles Salomon et Nauru figurent en tête de liste. Étant à la 138e place, la France semble se trouver loin derrière. Elle déplore tout de même un nombre de décès de l'ordre de 58 par 100 000 habitants par an, ce qui en fait à peu près 40 000 morts par an. Comparée aux 75 000 décès par an déclaré en 2015, cette diminution de la mortalité est assez significative.
Les statistiques autour du sevrage
Même si le taux de mortalité est en baisse, le nombre de fumeurs reste assez constant et tend même à augmenter suite à la crise sanitaire causée par le covid. Ce fait démontre le lien fort entre la précarité et la consommation de psychotropes. En 2021, près de 33% des Français de 12 à 75 ans, soit environ 17 millions de personnes, ont déclaré avoir déjà consommé du tabac et le ¼ d'entre eux disent fumer chaque jour.
Compte tenu de ces risques sanitaires, des campagnes de sensibilisation ont été menées et ont permis de ramener le nombre de fumeurs en France par tranche d'âge, à la baisse. Actuellement, ce chiffre est de 15 millions approximativement, avec une forte prévalence chez les hommes (86 %) par rapport aux femmes, tous les âges confondus. D'une manière générale, cette campagne a permis de faire baisser le taux des fumeurs :
- de 19 % (en 2014) à 14 % (en 2019) pour les femmes ;
- de 29 % (en 2014) à 22 % (en 2019) pour les hommes.
La France est à la 10e place dans le classement européen se rapportant au nombre de fumeurs.
Auprès des adultes
Se sevrer du tabac est tout à fait possible, mais il faut avoir la force et la volonté d’y arriver. Avant la crise sanitaire, 70 % des Français étaient favorables à l'idée d'arrêter de fumer. 30 % avaient alors entamé une tentative de sevrage, dont seulement 4 % ont pu aller au bout du processus. Ce pourcentage porte le nombre de personnes sevrées en 1 an à environ 600 000.
Pour continuer sur la bonne voie, de nombreuses campagnes de lutte ont été mises en place afin de soutenir les personnes qui veulent arrêter
Auprès des jeunes
La jeunesse française est fortement exposée à la consommation de tabac. L'âge moyen des adolescents qui commencent à sécher des cigarettes est entre 14 ans et 15 ans, mais les plus jeunes en prennent dès leurs 12 ans. Un enfant sur dix, âgé de 12 ans à 14 ans, fume quotidiennement, avec une consommation pouvant atteindre une dizaine de cigarettes par jour. La moitié des jeunes adultes prennent 15 cigarettes par jour en moyenne. Ce nombre est moins élevé chez les femmes que chez les hommes.
80 % des fumeurs déclarent également manifester des signes de dépendance. Certains ont des comportements ou des gestes compulsifs, comme mettre un stylo à la bouche ou allumer un briquet constamment.
Suite à cette forte exposition, des campagnes de sensibilisation et de lutte antitabac ont été déployées à grande échelle, surtout dans les lycées depuis 2014. Avant ce programme, l'âge moyen, au début de la consommation, était de 13 ans. Chez les lycéens tout particulièrement, le nombre de fumeurs était passé de 61 % à 59 % entre 2015 et 2018.
Consommation de tabac et dépenses financières
Pour les ménages
Au début de l'année 2022, l'Institut des politiques publiques a révélé que la consommation de tabac pèse environ 2,4 % dans la totalité du budget des ménages en France, soit 750 millions d'Euros environ. Pour chaque fumeur, la somme allouée à l’achat de ce produit représente en moyenne 150 €. Ce montant représente l'économie suite à l'arrêt, si jamais ces gens arrêtent la cigarette pendant un an. À titre indicatif, ce chiffre correspond à environ 33 milliards de cigarettes consommées chaque année (hors contrebande et contrefaçon).
Les soins de santé dépensés à cause du tabagisme passif ou actif coûtent près de 12 millions d'Euros par an aux ménages, selon une statistique fournie par l’assurance-maladie.
Les prises en charge et les actions de l'État
Le tabagisme ne grève pas uniquement dans le budget des ménages. Pour l'État, et notamment pour la santé publique, la facture est également énorme, surtout à propos de la prise en charge.
Les chiffres tombent au début de 2021. Les soins liés au tabagisme coûtent environ 26 milliards d'Euros par an à l'État français, soit 1 800€ par citoyen. Les 18 millions de recettes fiscales annuelles mentionnés par l'OFDT (Observatoire français des drogues et des toxicomanies) ne permettent pas d'équilibrer la balance. Pourtant, 56 % des Français pensaient, avant cette annonce, que c’était le cas.
À ce montant s'ajoutent les frais de justice et les coûts des campagnes, des infrastructures et des structures de luttes et de sensibilisation.
Les tabacs de contrefaçon, un fléau en France
Depuis quelques mois, des articles faisant état d'un démantèlement d'un réseau et d'un trafic de production et de transformation de tabac défrayent la chronique. La hausse des prix du tabac a favorisé la ramification de cette filière sur fond de covid, ce qui a entrainé la baisse du pouvoir d'achat des ménages.
Selon les dernières études, 35 % des ventes ne passent plus par les buralistes, ce qui représente un manque à gagner énorme au niveau des recettes fiscales. En 2022, bien que la consommation ait augmenté de 1,6 %, le chiffre d'affaires des bureaux de tabac a tout de même baissé de 6 %. Un tel fait est dû à des contrebandes, des contrefaçons et des "cigarettes maison" fabriquées par les consommateurs eux-mêmes pour des raisons économiques.
En 2020, la filière parallèle de tabac (contrefaçons) a occasionné un manque à gagner de trois milliards d'euros pour l'État. Des coûts sanitaires sont également à prévoir, dans la mesure où les composants des préparations à la maison et des contrefaçons sont méconnus. Dans ces 35 %, 15 % sont produits sur le sol français. Cette prédominance est essentiellement due à la fermeture des frontières pendant le confinement. Les cigarettes non déclarées représentent 6 %.